Le triangle des Bermudes

square Nishi-Ikebukuro

Avec l’ami Lionel, nous partageons un amour inconditionnel pour l’enclave apaisante et attirante comprise entre l’université Rikkyo et le Metropolitan trucmuche, à Ikebukuro. Le cœur a ses raisons, mais il est possible tout de même de faire l’inventaire de ce que ce monde en réduction a de nonchalamment charmant, d’essayer de lire la partition.

Tout d’abord, Ikebukuro est l’un des quartiers les plus cosmopolites de Tokyo, mosaïque bigarrée de cultures qui fait du bien (mon utopie : un maximum de diversité dans un minimum d’espace). Impression confirmée dans cette partie du quartier, à taille humaine : il suffit de regarder autour de soi pour constater la forte présence de restaurants vietnamiens, indiens, népalais, chinois, coréens, thaïlandais, malais, espagnols, italiens, turcs… et de tendre l’oreille : on y entend diverses langues, d’ailleurs ça mériterait que je ressorte le Tascam pour faire du field recording. Transplantations, entrechocs doux, la coexistence d’écritures diverses aux frontons des commerces me donne l’impression de marcher dans un poème babélien et coloré, rappelant que la diversité est une richesse, contre toutes tentatives d’unifier, de corseter, de ratiboiser. Ivresse du multiple… Comme dans tous les quartiers que j’aime, on a l’impression de traverser la planète en quelques minutes, dans une densité décontractée. Ikebukuro souffre d’une mauvaise réputation : ça serait banlieusard, plouc, vulgaire et dangereux. Idem pour le mot « cosmopolitisme », souvent utilisé de manière péjorative. Contre ces épouvantails, rien de mieux que d’aller y voir soi-même ! En plein Ikebukuro, en plein cosmopolitisme : en plein soleil.

Dream coffee. Lionel en parlera mieux que moi, mais quel délice : de la disposition des tables (non linéaire, comme décidée aux dés) à la musique d’ambiance (du jazz, au niveau sonore parfait), les couleurs chaudes et rassurantes, sans oublier le monstrueux toast aux œufs (260 yens, et plus faim pendant deux jours), on approche du café idéal pour lire, écrire, regarder la rue… (dommage que le covfefe soit moyen et que le service soit si froid, enfin, pas grave)

Coconut Records : personnellement j’ai arrêté d’acheter des vinyles, mais si ce n’est pas votre cas, allez-y, c’est un petit disquaire très bien achalandé, aux prix raisonnables.

Le resto-U de l’université Rikkyo ; on ne peut plus y aller librement comme avant le Covid, mais cela ne durera pas éternellement. Très bel endroit boisé, dans un campus lui-même ridiculement beau, genre l’école de sorcellerie de Jean-Marie Potter !

Le poste de police. Je plaisante, cependant m’intrigue ce cadran solaire désœuvré, fait d’une pyramide inversée en rupture de ban, tapie dans l’ombre de nos oisifs Pipo

Et bien sûr, le très attachant square Nishi-Ikebukuro, bizarrement émouvant, calme en journée, fréquenté la nuit par les étudiants pompettes de l’université voisine. Un je-ne-sais-quoi qui me rappelle le passé, mais là impossible à analyser pour le moment. L’attraction est forte, je m’enfonce dans les eaux vives de l’enfance, délivré de tout ressentiment contre le temps. Conseil : acheter des yaki-shorompo dans le quartier chinois (le vrai Chinatown, celui de Yokohama étant par trop disneyïsé) près de la sortie ouest, acheter du cidre et y poser une fesse à la fraîche ! Toujours ça que les reptiliens n’auront pas.

C’est là
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