Poser la nappe blanche au Yasukuni

Même le site officiel du sanctuaire Yasukuni ne mentionne rien au sujet de ce terre-plein sur le côté de la grande allée situé juste à côté de la piazza avec la statue d’un certain Omura Masujiro d’un côté et le bâtiment d’obédience japonais moderniste de l’autre, où se logent les lieux de nourritures, boissons et souvenirs. Sous la canopée d’arbres élégamment écartés dont six cerisiers se trouvent un nombre non négligeable de bancs plats sans dossiers, quelques-uns plus amènes avec un dossier, et, oh, mystérieux miracle ! douze tables carrées de jardin avec sièges assortis dressées d’une nappe blanche. Bon, du plastique indifférent aux saisons et qui commence à grisonner de suie et microparticules aglomérées malgré l’air pur de Tokyo, mais tout de même, des nappes blanches ! Manque un kiosque à musique pour se remémorer le jardin du Luxembourg. La BGM automobile de l’avenue Yasukuni est un peu présente selon les heures, mais quel luxe, quelle volupté ! Aucun signe d’un quelconque règlement tatillon énonçant les interdits, de boire un mojito, d’avoir des pensées inavouables, d’espérer que cela reste ainsi encore un certain temps. Avec le matériel adéquat, bouteille de champagne en camouflage de papier craft, un gobelet carton pour ne pas exposer les bulles, un ordinateur pour écrire un chef-d’œuvre, on peut y passer un certain temps assis de qualité incomparable.

Lionel Dersot

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